Colloque OLVA "De l'observation à la coopération : méthodes et enjeux pour la vie associative locale"
> Le 17 octobre 2023 à la Fondation du Crédit Coopératif à Nanterre
> Le 17 octobre 2023 à la Fondation du Crédit Coopératif à Nanterre
La thématique de l’atelier était l'observation comme facteur de développement des coopérations entre acteurs associatifs et acteurs publics, avec deux grandes approches complémentaires :
- la production de connaissances au travers de l'observation permet de faire converger les actions pour nourrir les projets de territoire
- l'espace observatoire rend possible l'interconnaissance et le croisement des regards, socle d'une action partagée
Les objectifs principaux de cet atelier étaient : s’interroger sur l'utilisation, l'appropriation de la connaissance produite sur le tissu associatif au service de la coopération sur le territoire ? Comment faire converger le rôle des différents acteurs impliqués au service du développement de la vie associative locale à travers les coopérations développées ?
Magalie Le Quinquis, responsable du service vie associative à la Ville de Nanterre, a présenté l'expérience de Nanterre avec l'Observatoire Local de la Vie Associative (OLVA) et ses développements récents. Lancé en 2021, l'OLVA a créé un comité de suivi pour prioriser les actions en partenariat avec les associations.
Initialement, il y avait des interrogations parmi les acteurs en raison du manque de connaissance des associations locales. L'objectif initial était de mieux comprendre la réalité associative. Le travail a commencé en avril 2021 avec la préparation de l'enquête, lancée en septembre 2021 et achevée en avril 2022. Des réunions de comité de pilotage et technique ont eu lieu, ainsi qu'une recherche qualitative avec l'Université de Nanterre.
La restitution des travaux en février 2023 a souligné le besoin d'un dialogue renforcé entre la ville et les associations. En réponse, la Ville a lancé un appel à candidature pour créer un comité de suivi reflétant la diversité associative observée. L'objectif est de travailler en collaboration avec les associations pour analyser les besoins. Une nouvelle restitution est prévue pour le printemps 2024.
Malgré les défis pour obtenir un échantillon représentatif lors de l'enquête, avec 301 réponses obtenues sur 1800 associations actives, des efforts supplémentaires ont été déployés, y compris des contacts directs avec les associations.
Concernant la composition du comité de suivi, une restitution a été organisée avec environ une centaine d'associations, et 33 personnes ont répondu à l'appel à candidature lancé par le maire. Un travail a été effectué pour garantir la représentativité en termes de secteurs, de statuts d'associations et de quartiers. Bien que le premier comité n'ait pas encore été lancé, son adéquation sera évaluée dans le temps.
Hyacinthe Châtaigné, coordinateur de l'observation et des études à la FEDELIMA, a partagé l'expérience de la fédération avec l'Observation Participative et Partagée (OPP) au sein de son réseau. Lancée en 1999, l'OPP vise à structurer les relations partenariales au sein du réseau et à influencer les politiques publiques.
La FEDELIMA regroupe des équipements culturels comme des salles de concerts, avec 157 adhérents sur le territoire national. L'OPP, initiée pour mieux connaître les membres de la fédération, a favorisé la transparence, renforcé la confiance et facilité le partage d'informations. Cette démarche a nécessité la création d'un espace en ligne et d'outils pour collecter et consulter des données, rendant les résultats lisibles pour les membres.
Les données recueillies servent au ministère de la Culture et alimentent le programme SORVEY européen. La FEDELIMA propose également des enquêtes personnalisées pour ses membres, utilisées pour négocier des conventions collectives avec les partenaires. Les SOLIMA sont utilisés pour réaliser des diagnostics territoriaux partagés avec les acteurs locaux, servant de base pour élaborer des politiques publiques.
Des réunions préparatoires sont organisées pour susciter l'intérêt des acteurs, et un groupe de travail discute des indicateurs, du calendrier et des ressources humaines. La fédération entretient un partenariat avec le Ministère de la Culture, basé sur une relation de confiance pour produire des connaissances et simplifier les procédures administratives. La FEDELIMA préfère garder le contrôle sur ses informations plutôt que de déléguer complètement.
"L'Observatoire de la Vie Associative (OLVA) à Nantes, mis en place en 2017, résulte d'un partenariat entre les acteurs associatifs, les directions municipales et la métropole. Plutôt que de créer un observatoire spécifique à la ville, Nantes s'est appuyée sur la Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire (CRESS) et la Fédération des Associations Laïques et Citoyennes de Loire-Atlantique (FALC 44) pour former un réseau de partenaires sur l'accompagnement de la vie associative.
En 2021, Nantes a rejoint le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) pour renforcer son expertise. Un comité de suivi composé de partenaires ressources, de directions municipales et d'acteurs de l'État a été mis en place pour animer l'observatoire, avec notamment la participation d'un chercheur, Lionel Prouteau.
L'OLVA favorise les échanges et les regards croisés entre les 60 associations ressources du réseau, permettant d'identifier les besoins pour renforcer l'accompagnement des acteurs associatifs. Il joue également un rôle crucial en apportant des données factuelles qui contrecarrent les idées préconçues et alimentent les débats et analyses.
L'observatoire offre désormais plus d'espaces de partage, notamment avec la création de groupes politiques comme le groupe Engagement Citoyen et Associatif, réunissant élus municipaux et métropolitains. Ces initiatives renforcent la légitimité et le crédit de la voix portée par la ville en faveur de la vie associative.
Enfin, l'OLVA cherche à transmettre la mémoire de la vie associative à travers les quartiers en racontant les récits des acteurs associatifs et en mettant en lumière l'histoire des associations, contribuant ainsi à préserver et valoriser le patrimoine associatif local."
Le représentant de la Caisse nationale des Allocations Familiales (CNAF) souligne le rôle crucial de son organisme, qui se situe à la croisée de nombreuses politiques publiques, notamment dans la protection sociale et l'ensemble du champ associatif. Jusqu'en 2014, ces acteurs fonctionnaient en silos, ce qui entravait les politiques publiques. La loi sur les métropoles en 2014 a marqué un tournant en encourageant une approche de gouvernance partagée entre l'État, les Agences Régionales de Santé (ARS), les ministères, etc.
Les instances de gouvernance partagée, telles que les Contrats Territoriaux Globaux (CTG), sont perçues comme des leviers de progrès partagés, bien que leur fonctionnement varie d'un territoire à un autre. Il est souligné qu'il est essentiel de travailler ensemble, en évitant de morceler les actions associatives, et en soutenant les projets qui impliquent plusieurs acteurs.
Depuis 2014, un véritable schéma départemental s'est mis en place, avec des conventions territoriales globales. Cependant, il reste des inégalités dans la façon dont ces instances fonctionnent. La stratégie actuelle consiste à observer les réalités et les innovations, notamment celles captées par les Observatoires Locaux de la Vie Associative (OLVA), qui mettent en lumière des initiatives parfois méconnues. Ces initiatives, axées sur la mutualisation des associations et la coopération entre acteurs locaux, répondent à des enjeux sociaux et territoriaux et mobilisent autour de projets d'intérêt commun.
Les enjeux principaux autour des observatoires concernent le partage, l'articulation et la mutualisation des données. Il est crucial de mettre en place une gouvernance efficace pour assurer le suivi des engagements et favoriser la participation des parties prenantes. L'observation est vue comme un préalable pour réunir les différents acteurs autour de la table et faciliter l'échange et la mutualisation des données.
La production continue et la mise à jour des données sont essentielles pour garantir la pertinence et l'actualité des informations. Les ressources humaines et les moyens dédiés à l'animation de l'observatoire sont également des enjeux importants.
Il est nécessaire de s'appuyer sur les dynamiques existantes, les coopérations déjà établies et de développer les compétences nécessaires pour produire, analyser et exploiter les données.
La transversalité est un autre enjeu majeur, impliquant de sortir des silos et des logiques sectorielles spécifiques. Il est également crucial d'articuler les différentes échelles territoriales et de favoriser l'accord et la compréhension des divers langages institutionnels.
Les recommandations concernant les observatoires de la vie associative sont les suivantes :
Création d'espaces de suivi post-OLVA : mettre en place des instances ou des outils permettant un suivi partagé des initiatives lancées après les observatoires de la vie associative. Cela peut inclure la création de nouvelles instances de gouvernance partagée pour garantir une continuité dans les actions entreprises.
Développement d'espaces d'accès à l'information : créer des plateformes ou des outils facilitant l'accès à l'information produite par les observatoires. Il est important de publiciser et de valoriser les données collectées, en permettant leur accès ouvert à tous, favorisant ainsi le partage entre les différents utilisateurs.
Évaluation des besoins : mesurer les besoins en ressources humaines et matérielles pour maintenir une dynamique autour de l'observation et de la production de données. Cette évaluation permet d'adapter les moyens disponibles en fonction des demandes et des attentes des utilisateurs.
Allocation de ressources spécifiques : consacrer des moyens financiers et humains spécifiquement dédiés à la mise en œuvre et au fonctionnement des observatoires de la vie associative. Cela garantit la pérennité et l'efficacité de ces structures.
Réalisation de focus territoriaux : mener des études ciblées sur des territoires spécifiques en agrégeant les données disponibles et en réalisant des enquêtes sur les besoins sociaux et associatifs locaux. Cette approche permet une meilleure compréhension des réalités locales et une adaptation des actions en conséquence.