Colloque OLVA "De l'observation à la coopération : méthodes et enjeux pour la vie associative locale"
> Le 17 octobre 2023 à la Fondation du Crédit Coopératif - Nanterre
> Le 17 octobre 2023 à la Fondation du Crédit Coopératif - Nanterre
"Au nom du RNMA, je suis ravi d'inaugurer ce troisième colloque sur l'observation locale de la vie associative, que nous avons intitulé "De l'observation à la coopération : méthodes et enjeux pour la vie associative locale". Aujourd'hui, nous allons explorer les enjeux liés au développement de la connaissance sur la vie associative à l'échelle des territoires, ainsi que le rôle des observatoires locaux de la vie associative (OLVA) et leurs impacts sur la coopération entre les acteurs du territoire.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens, au nom du RNMA, à saluer nos partenaires. Sans leur soutien, nous ne serions pas ici aujourd'hui pour ce colloque. J'aimerais donc remercier chaleureusement Monsieur Thibault de Saint Pol, Directeur de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et de la Vie Associative, qui représente la DJEPVA, un soutien historique du RNMA et de la démarche OLVA. Nous vous donnerons la parole dans un instant. Et je salue également Monsieur Christophe Vernier, Directeur de la Fondation du Crédit Coopératif, qui a soutenu notre réseau pour le travail que nous présenterons ultérieurement sur les effets des OLVA sur les territoires. De plus, nous sommes reconnaissants de l'accueil que nous offre ce magnifique auditorium. Vous aurez également l'occasion de prendre la parole dans un instant.
Je tiens à remercier l'ensemble de nos partenaires présents dans cette salle, les élus des collectivités territoriales, les intervenants et intervenantes qui ont la gentillesse de contribuer à ce colloque, et bien sûr, vous toutes et tous.
Je ne saurais ouvrir cette journée sans présenter nos excuses pour l'absence de Carole Orchampt, Déléguée Générale du RNMA, qui malheureusement ne peut pas être parmi nous aujourd'hui. Je sais qu'elle le regrette, tout comme nous, et sa contribution nous manquera au cours de nos échanges.
Pour contextualiser les enjeux de cette journée, je souhaiterais remonter aux origines de la démarche OLVA, qui a été créée il y a plus de 15 ans. Au commencement, quelques directeurs et directrices de Maisons des Associations se sont interrogés sur la structuration du tissu associatif de leur territoire et sur les besoins des associations. En 2007, un travail a été entrepris pour développer une méthodologie d'enquête par questionnaire en collaboration avec Viviane Tchernonog, en s’appuyant sur les enquêtes Paysages Associatif Français qui faisaient déjà référence. Sept structures, à la fois associatives et municipales, se sont lancées dans une expérimentation sur leur territoire.
Tout ceci pour illustrer que, dès l'origine de la démarche, la notion de coopération était présente. Que ce soit entre associations, avec des structures municipales ou avec le monde académique, la coopération a toujours été au cœur de la démarche OLVA. La devise de la démarche a toujours été "observer pour agir", mettant ainsi en lumière les deux dimensions essentielles de cette approche :
La dimension "d'observation" qui consiste à produire des données et à partager des connaissances sur le fait associatif du territoire.
La dimension "d'observatoire" qui crée un espace de coopération entre les acteurs locaux autour des enjeux de la vie associative.
La démarche OLVA ne saurait se réduire à une simple dimension technique ou statistique de production de données. Bien sûr, la production de données fiables est cruciale, et le travail méthodologique au sein du réseau a été en constante évolution au fil des années. Cependant, il est tout aussi important d'aborder la dimension "observatoire", car c'est là que réside la vraie plus-value des OLVA. C'est ce que nous allons explorer aujourd'hui : comment les OLVA contribuent au développement de la coopération sur les territoires.
Au cours de cette journée, nous aborderons ces aspects à travers la présentation de travaux sur les effets des OLVA sur leur territoire, effectuée par Luciana Ribeiro et moi-même. Une table ronde illustrera avec des exemples concrets les impacts des OLVA sur plusieurs territoires. Et cet après-midi, trois ateliers se pencheront sur la manière dont les OLVA peuvent générer de la coopération entre les acteurs.
Un deuxième enjeu majeur que nous mettons en avant aujourd'hui concerne les relations entre les associations et les territoires sur lesquels elles interviennent. Il est indéniable que le territoire influence la forme du tissu associatif. Les caractéristiques, l'histoire, la géographie, et le contexte territorial façonnent le tissu associatif.
Mais, il est tout aussi intéressant de s’interroger sur le rôle que jouent les associations dans la construction des territoires. Comment les associations, par leurs actions, contribuent-elles à la création de liens sociaux et de solidarité sur les territoires ? Comment, dans leurs relations avec les pouvoirs publics, les associations participent-elles à la gouvernance territoriale ?
En mettant en avant ces enjeux des relations entre associations et territoires, nous souhaitons aussi souligner la volonté du réseau de s'appuyer sur la démarche OLVA pour contribuer à une dynamique de recherche. Ces dernières années, nous avons souhaité renforcer nos liens avec le monde académique en nous appuyant sur un poste FONJEP Recherche. Et depuis un peu plus d’un an, nous accueillons Luciana Ribeiro, doctorante en CIFRE au sein du réseau, dont la thèse explore justement les relations entre les associations et les territoires. Cette question sera donc présente tout au long de la journée, et les coopérations entre le monde associatif et académique feront l'objet d'un atelier cet après-midi.
Nous avons devant nous un programme riche et captivant pour cette journée. Je vous souhaite à toutes et à tous un colloque fructueux, riche en échanges, en apprentissages et en découvertes.
Je vous remercie."
M. de Saint Pol a rappelé l’importance de la collaboration entre la Direction de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et de la Vie Associative (DJEPVA) et le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA). Cette collaboration permet de promouvoir la production et la diffusion des connaissances sur le secteur associatif, leviers essentielles pour orienter l’action et stimuler l’innovation sociale.
M. de Saint Pol a présenté quelques exemples concrets de la collaboration entre les pouvoirs publics et le secteur associatif dans le domaine de la production et de la diffusion des connaissances tels que le programme Fonjep Recherche, l'Observatoire des Vacances et Loisirs des Jeunes et l'association Virage Énergie.
Il a conclu en soulignant l'importance de la collaboration entre les pouvoirs publics, le secteur associatif et les chercheurs pour la production et la diffusion des connaissances. Cette collaboration est essentielle pour garantir la pertinence et l'efficacité des connaissances produites.
Amélie Artis a présenté les enjeux de la recherche et de la recherche-action en ce qui concerne les relations entre les associations et les territoires. Elle a commencé par rappeler que les associations émergent dans les actions collectives et s’ancrent dans les territoires. Cela soulève des questions essentielles, notamment pourquoi certains territoires sont plus dynamiques que d'autres et quels sont les impacts de la présence des associations sur la dynamique des territoires.
Elle a ensuite identifié trois enjeux majeurs pour la recherche sur ces questions :
Le premier enjeu concerne la recherche de sens et de causalité. Il s'agit de déterminer si c'est le territoire qui favorise l'émergence des associations ou l'inverse. Les Observatoires Locaux de la Vie Associative (OLVA) permettent d'avoir un suivi longitudinal des trajectoires territoriales des dynamiques associatives, ce qui peut contribuer à répondre à cette question.
Le deuxième enjeu consiste à comprendre le pluralisme du monde associatif. Il s'agit de déterminer quels éléments sont réellement significatifs pour caractériser les associations et leurs activités. La recherche doit prendre en compte les ressources monétaires et non monétaires, les activités marchandes et non marchandes, les trajectoires, etc., sans tomber dans la surenchère de l'évaluation.
Le troisième enjeu concerne l'approche de la recherche-action. La recherche-action suppose une interaction active entre les chercheurs et les acteurs associatifs sur le terrain. Cette approche est essentielle pour comprendre les réalités du monde associatif et pour garantir la pertinence des résultats de la recherche.
Amélie Artis a conclu son intervention en soulignant que le dispositif Cifre offre une opportunité précieuse pour favoriser les collaborations entre chercheurs et acteurs associatifs. Ce dispositif permet à des salariés d'associations de bénéficier d'une formation en recherche, ce qui peut contribuer à renforcer leurs compétences et à développer leurs connaissances sur leur propre secteur d'activité.
Dans son discours, Christophe Vernier a souligné l'importance de l'observation de la vie associative pour agir et coopérer. Il a rappelé que la Fondation s'orientait vers le transfert de connaissances aux acteurs locaux, et que pour cela, il était essentiel de développer une connaissance fine du contexte local.
Christophe Vernier a présenté les Observatoires Locaux de la Vie Associative (OLVA) comme des espaces de partage de données et de compréhension mutuelle entre divers acteurs. Il a souligné leur rôle dans la coopération territoriale, en permettant aux acteurs de se mettre d'accord sur les objectifs et la méthode. Les OLVA sont également des espaces de dialogue réunissant des associations, des acteurs territoriaux, et des chercheurs. Christophe Vernier s'est interrogé sur la possibilité d'ouvrir ces espaces à l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et aux entreprises.
Christophe Vernier a insisté sur la nécessité de veiller à la diversité et à l'inclusion au sein des instances de gouvernance des OLVA. Il a rappelé que le renouvellement générationnel dans l'ESS devait être inclusif et transparent.
Enfin, Christophe Vernier a souligna l'importance de la recherche participative, qu'elle soit initiée par des chercheurs ou des acteurs associatifs. Il a rappelé que cette recherche devait reposer sur des besoins concrets et répondre à des problématiques en créant des connaissances utiles. La recherche-action implique que les associations bénéficient de formations spécifiques.
En conclusion, Christophe Vernier a plaidé pour un renforcement de l'observation de la vie associative, afin de favoriser la coopération territoriale et la production de connaissances utiles aux acteurs locaux.